Parlez-vous le Maré Tèt ? Son histoire et sa signification

foulard antillais enfants

L’attaché foulard, aussi appelé Maré tèt, est l’un des éléments qui constitue la tenue traditionnelle antillaise. Cet accessoire de mode très apprécié de tous, était autrefois destiné à riposter contre les lois coloniales interdisant aux femmes noires affranchies de porter un chapeau. Derrière cette coiffe antillaise, se cache un message caché que seuls les femmes et hommes noirs pouvaient comprendre. Découvrez sa signification.

Qu’est-ce qu’un Maré Tèt ?

Pour commencer, le Maré tèt est apparu dans les maisons d’habitations durant la période coloniale. À l’origine, il s’agissait de simples toques blanches, imposées aux femmes noires par leurs maitresses.

À l’époque, porter un simple turban terne pour protéger ses cheveux de la chaleur était révoltant. À la place, les femmes ont eu l’idée de sublimer leur beauté en portant du madras, un joli tissu aux motifs géométriques venu d’Inde.

Le Maré tèt est la coiffure traditionnelle des Antilles, très pratique pour couvrir ses cheveux à toutes occasions. Nouer son foulard avec un joli tissu permet d’harmoniser sa tenue de la tête aux pieds.

Derrière le Maré tèt, se cache une signification

Aux Antilles, on trouve des coiffes, aussi appelés “tête”, avec une, deux, trois ou quatre pointes. À l’époque, la façon de nouer son turban laissait apparaitre des pointes ou des nœuds aux significations cachées. En effet, selon le nombre de pointes, on pouvait savoir si la femme portant la coiffe était un coeur à prendre ou déjà mariée :

  • une pointe : coeur à prendre,
  • deux pointes : mon coeur est pris,
  • trois pointes : femme déjà mariée,
  • quatre pointes : mon coeur est pris, mais vous pouvez tenter votre chance.

 

pointes maré tèt

Les différents Maré Tèt

En plus des pointes, il existe également d’autres façons de porter le Maré tèt. Par exemple, les femmes entretenues de Martinique portaient une coiffe originale appelée Matadore, une coiffe ornée de bijoux offerts par leurs hommes.

Les coiffes antillaises sont multiples et originales. Toutes portent un nom, par exemple :

  • la calendée
  • la chaudière
  • la libérale
  • l’indépendante
  • la brisquante
  • la nofrape
  • la voile au vent
  • la zambo (la coiffe pour les femmes affichant leurs idées politiques)
  • la tête créole ( ou tête des cuisinières)
  • la tête éventail.

Toutes ces coiffes sont en confectionnées en madras, excepté celles pour les jeunes filles et les tenues de deuil.

Comment attacher son Maré tèt rapidement ?

L’art de nouer le foulard est une tradition qui perdure jusqu’à nos jours. Voici une façon simple et rapide pour nouer un turban. La technique en torsade est l’une des plus simples et les plus rapides pour celles qui n’ont pas le temps de se coiffer.

Mais avant de procéder, vous devez vous munir d’un tissu suffisamment long (1m à 1,5m de longueur), propre et repassé. De préférence, choisissez un tissu faisant environ 50 centimètres de largeur, afin d’être sûr que le turban enveloppe entièrement le tour de votre tête. Voici comment procéder :

  1. attachez vos cheveux en chignon
  2. prenez votre tissu rectangle
  3. placez le turban au niveau de votre nuque
  4. faites remonter les deux extrémités vers le haut
  5. réalisez une torsade avec les deux extrémités
  6. enroulez-la comme un escargot
  7. coincez le bout de la torsade dans le turban

 

À chaque coiffe antillaise sa tenue traditionnelle

robe madras
Crédit : Dodyshop

Hautes en couleur, toutes les coiffes antillaises sont assorties avec une robe traditionnelle. Chaque tenue créole avait une signification propre. Aux Antilles, on distingue plusieurs types de tenues traditionnelles.

La Grand’robe

Cette robe longue est réalisée dans un tissu coloré ou brillant comme la soie ou du satin. Une jolie tenue haut de gamme souvent associée avec un turban de la même teinte, un jupon blanc et des bijoux en or. La Grand’robe est généralement portée lors des événements importants comme un baptême, un mariage ou toute autre fête traditionnelle.

La Douillette

La Douillette est une robe exotique en coton fleuri associée à un jupon. Celle-ci se porte au quoditien.

La Titane

La Titane est une robe ample portée par les courtisanes martiniquaises. Elle se compose d’une chemise brodée mettant en valeur le buste, laissant les épaules découvertes.

Ti’collet

La robe “Ti collet” ou robe à petit col est portée par les jeunes filles âgées jusqu’à 20 ans pour certaines occasions (baptême, mariage, dimanche).

Passé l’âge de 20 ans, la jeune fille devait porter la “Collinette”. Une longue robe composée d’un corsage ajusté à une longue jupe. Contrairement à la robe Ti'collet, le cou et le buste sont dégagés.

Le madras dans la culture antillaise

En 1685, le Code noir stipule que les maitres doivent donner aux esclaves deux habits de soie par an ou 7,52 mètres de tissu. En parallèle, les affranchis s’installent souvent comme couturier ou tailleur. C’est ainsi qu’apparait la mode créole, le fruit du métissage social et culturel.

Les femmes noires affranchies n’hésitent pas à porter leurs magnifiques tenues pour montrer leur beauté. Parmi leurs créations, il en existe une grande variété, notamment les robes évoquées plus haut.

Le madras est apparu aux Antilles lors de l’abolition de l’esclavage en 1848. Un tissu venant de Chennai, en Inde, apporté par les commerçants britanniques. Il faut savoir que le vrai madras est fabriqué avec des fibres de bananier et de coton.

Les fils de ce tissu étaient peu résistants, tout en laissant une odeur particulière. C’est pourquoi les fils de bananier furent mélangés avec du coton pour être plus résistants, avant que celui-ci ne devienne la matière principale du madras.

Les couleurs vives rouges, jaunes et vertes s’accordent parfaitement aux peaux noires. Le madras s’est ancré dans la culture antillaise et se fait porter en toutes les occasions (défilés, mariages, communions, baptêmes...). Le plus souvent, le madras est orné de dentelle blanche.

Même s’il est né à l’époque de l’esclavage, le madras a hérité de la tradition vestimentaire issue de la mode africaine. À la différence, le madras est associé à la tenue traditionnelle antillaise. Peu à peu, la mode s’est répandue dans les Antilles (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Jamaïque...) en touchant en premier les femmes blanches, puis les femmes noires caribéennes.

 

 

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1 commentaire

Très bel article. Merci pour certains termes oubliés

MARYSE MAINGER

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